Polars :
Du Québec à l’Australie
Avec De Pierres et de sang, André
Jacques livre un polar exceptionnel. Un vol de diamants tourne à la
catastrophe aux confins du Canada. Les services secrets français se jettent
dans la mêlée avec ceux de la
Russie. La GRC tente de démêler le crime. De Yellowknife à
Montréal, de Paris à Anvers, l’antiquaire et ex-major de l’armée canadienne
Alexandre Jobin suit la piste parsemée de cadavres.
L’ex-soldate
Julie Dorval travaille à la sécurité pour une mine de diamants à Yellowknife.
Complice des manœuvres frauduleuses des directeurs de l’entreprise, dont le
sanguinaire Russe Serguei Belochnikov, elle s’allie à l’Inuit Peter Ugiuk pour
voler des pierres. Il veut rendre à sa communauté un énorme diamant dérobé
alors qu’elle est plutôt motivée par l’appât du gain. Le braquage tourne mal. Blessée,
Julie parvient à rejoindre Montréal où elle reçoit l’aide d’Alexandre Jobin qui
va la suivre comme son ombre. Après quelques sanglants épisodes, elle se rend à
Anvers pour refiler en contrebande les précieuses pierres. Julie est poursuivie
par les Russes, les Français, La
GRC , le SPVM, les patrons de la mine et son employeur. Le
récit devient alors une hécatombe où les manigances des personnages font place
à un sauve-qui-peut lorsque l’agent russe exécute la technique de la terre
brûlée (fuir sans rien laisser en vie derrière).
Le
quatrième polar d’André Jacques est un parfait thriller d’aventure. Lorsque
Julie dérobe les pierres, elle est loin de se douter dans quel engrenage elle
s’embarque. Elle parvient à démonter le système de collusion qui permet à une
petite minière productrice de diamants de faire le blanchiment des diamants de
sang. Le rythme est effréné et le suspense maintenu de bout en bout avec un savoir-faire
total. L’auteur affiche une telle maîtrise de son sujet qu’il parvient sans
peine à déjouer les prévisions des plus habiles lecteurs. Les retournements de
situations sont adroits et imaginatifs.
Récit
tout en action, De Pierres et de sang
étonne et divertit. Véritable « page-turner » le roman mérite
l’attention immédiate de tout amateur de littérature policière. Il s’agit de l’un
des meilleurs polars à jamais avoir été écrits au Québec.
En
Australie aussi il s’écrit du polar. Darren Williams, Conséquences…
Petit
village tranquille, Angel Rock est secoué par deux drames. Les frères Ferry se
perdent dans le bush australien qui cerne le village. Tom, l’ainé, en
reviendra, seul, quelques jours plus tard, incapable de se rappeler ce qui a
bien pu arriver à son frère. Au même
moment, Darcy est retrouvée morte à Sidney, un suicide apparent. L’agent Gibson
mène l’enquête qui l’amène au domicile de la jeune fille, à Angel Rock. Y
a-t-il un lien entre ces deux événements?
Conséquences interroge cette vie recluse de petits
villages, les haines entre les vieilles familles, les relations tortueuses, les
dettes et les jalousies qui déterminent les liens
entre les
villageois de génération en génération. Il y a quelque chose d’immensément oppressant
dans ce polar à tout le moins exotique.
L’intrigue
se déploie lentement ce qui contribue à l’atmosphère générale du polar qui est
étouffante, torride et angoissante. Comme s’il se déroulait dans une étuveuse. Les
personnages sont campés avec une virtuosité telle qu’on ressent l’impression de
les avoir déjà rencontrés. Gibson, inspecteur tenace et fragile. Pop, le
policier local, un grand sage qui veille sur son village et ses habitants. Les
villageois qui contribuent à l’ambiance glauque, inquiétante; parfois malsaine
souvent fraternelle. Les descriptions des paysages arides de ce bush, ces
eucalyptus, ces oiseaux indigènes font de Conséquences
une lecture dépaysante fort agréable.
Une
petite lacune dans la trame narrative; L’utilisation du coup de théâtre. Un
personnage oublié, seulement entrevu, surgit en fin d’énigme et vient dénouer
toute l’intrigue. La finale du roman devient prévisible et décevante. Le talent
de l’auteur est pourtant indéniable et lui, comme nous, méritions mieux.
André
Jacques, De Pierres et de sang,
Éditions Druide / Reliefs, septembre 2012. 463 pages.
Darren
Williams, Conséquences, Éditions Sonatine,
octobre 2012. Traduction Fabrice Pointeau (Angel
Rock, 2002). 392 pages.
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